Ancien Vice-Chairman au sein du cabinet EY, Christian Mouillon a une expérience notable dans le secteur financier, et notamment dans le contrôle comptable. Pour Supervizor, il revient sur ses années passées dans le cabinet et partage sa vision actuelle et à venir sur l'évolution du secteur financier durant cette période particulière. 

 

 

1. Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

 

J'ai effectué ma carrière chez EY, qui est une firme de services professionnels. Etant auditeur de formation, j'ai exercé des années en tant qu’auditeur et commissaire aux comptes auprès de grandes sociétés, notamment du CAC 40, dans différents secteurs. J’ai également exercé des fonctions internes au sein d’EY en étant Vice-Chairman pendant une quinzaine d’années. J’ai dirigé simultanément l’audit et l’advisory. Par la suite, une fois l'audit et l’advisory séparés, j'ai dirigé l'audit uniquement, en particulier après la crise financière de 2008, et j'ai terminé ma carrière en tant que vice chairman en charge du risk management mondial. Je suis maintenant retraité d’EY et j'exerce des postes d'administrateur dans différentes sociétés ou organisations cotées ou non.


2. Comment a évolué le secteur, et quelle est votre situation actuelle ?

 

L’audit est une fonction essentielle pour les entreprises. Pour beaucoup de sociétés, l’accès au marché financier va passer par des comptes nécessairement audités, et donc certifiés, ce qui n’exclut pas des réserves. La difficulté réside dans le caractère subjectif de la tenue des comptes, l’utilisation d’estimation dans les comptes et les évaluations rendant l’établissement des comptes souvent ardu. La puissance des ERP a cependant amélioré la qualité de l’information comptable, avec une digitalisation de la fonction finance. Le risque qui demeure pour les auditeurs est la manipulation des comptes par les personnes en charge et la collusion d’employés pouvant commettre des fraudes souvent détectées tardivement, selon la fraude.

La deuxième évolution concerne les complexités métier. Le secteur de l’audit fut manuel sur la base de sondages pendant un long moment et n’a pas su tirer profit de la puissance de la technologie et de l’analytics qui permet d’automatiser l’exécution augmentant ainsi la fiabilité. Aujourd’hui, le secteur a évolué et des outils technologiques prennent de la place pour rendre la donnée plus automatique mais surtout plus fiable.

 

3. Quel est selon vous l’impact de la crise mondiale engendrée par le Covid-19 sur les entreprises ?


Je dirais que les entreprises ont plutôt bien résisté et on le voit d'ailleurs dans les résultats d'un certain nombre d’entre elles. Les entreprises, d'une manière générale, ont fait preuve de résistance et de résilience, elles ont su s'adapter, notamment en tirant des leçons de la précédente crise économique. Outre les aides gouvernementales, les sociétés ont connu un impact moindre et n’ont pas suspendu leurs investissements. Elles ont effectivement dû passer à des modes digitaux, et ont fait du télétravail une norme, mais avec de bonnes capacités d’adaptation. Toutefois, dans les secteurs du risque et du contrôle interne, le fait de modifier l’organisation peut engendrer des risques en matière de fraude notamment. En effet, ces perturbations et ces changements organisationnels ont pu affaiblir le contrôle des risques et l’efficacité du contrôle interne et il est important d’y porter une attention particulière dans ce contexte.

 

4. Quelle est votre vision sur le futur de l’audit ?

 

Le métier d’auditeur n’est pas une fonction amenée à disparaître. Cependant, il doit continuellement s’adapter. L’auditeur doit certifier les comptes, et non pas détecter les fraudes, ce que le marché des investisseurs à tendance à rechercher. Il est nécessaire que l’audit aille plus loin et rejoigne les attentes des parties prenantes en identifiant les risques de manière concrète. La grande différence entre l’audit du 20e siècle et aujourd’hui réside dans la complétude des systèmes comptables, des ERP, le caractère manuel qui est devenu automatisé, et la capacité d’investigation. L’audit sera amené à évoluer, avec davantage de technologie, afin d’apporter des garanties plus solides aux entreprises. L’industrie aura certainement tendance à avoir moins recours à des forces humaines au profit de la technologie, souvent considérée comme plus fiable. L’automatisation des contrôles va en effet permettre à l’intelligence humaine de se concentrer plus sur les sujets complexes requérant un jugement pour apprécier les situations. L’alliance des deux renforcera la qualité des comptes.

 

 L’automatisation des contrôles va prendre de plus en plus de place dans la fonction finance, tant les attentes sont grandissantes en ce qui concerne les dispositifs de contrôle interne

 

L’avantage du contrôle comptable automatisé est qu’il permet de donner davantage de garanties et d’assurance, de façon plus régulière et plus rapide aux différentes parties prenantes, plutôt que d’attendre la certification des comptes annuelle. Il y a un véritable phénomène d’accélération et de standardisation du contrôle comptable  qui peut donner plus de garanties au marché.

 

5. Quel est votre rôle au sein de Supervizor ?

 

Je connaissais l'un des fondateurs d’une précédente collaboration chez EY. Nous avons observé le développement d’outils dans le secteur et avons recherché des solutions au moment où j’embarquais EY dans une révolution stratégique d’une meilleure utilisation de la technologie. Nous avons ainsi élaboré une solution unique et j’ai hérité du rôle de conseiller afin de valider leur feuille de route stratégique. Ma conviction concernant la digitalisation du contrôle comptable automatisé s’étant renforcée année après année, j'ai toujours encouragé les fondateurs, parce que j'étais bien conscient d’une part qu’il y avait un marché et une opportunité, mais aussi un besoin à satisfaire auprès des entreprises. Quand j’ai quitté EY, notre collaboration a perduré afin de faire évoluer le produit ainsi que la stratégie commerciale. Au fil du temps, mon implication s’est développée et je suis devenu investisseur en plus de conseiller, dans le but de soutenir l’entreprise sur le plan financier en plus de leur apporter mon expertise.

 

6. Pourquoi avoir choisi d’accompagner Supervizor ?

 

Je l’ai accepté car je comprends à la fois l’offre et la demande. J’étais et je demeure convaincu que le produit répond à un réel besoin présent sur le marché. J’ai appris à connaître les fondateurs et leurs réalisations, ce qui m’a conforté dans le choix de les accompagner dans cette aventure. Supervizor est un plus pour accélérer le contrôle comptable à distance, et contrôler de façon beaucoup plus efficiente les comptabilités. Pour les auditeurs internes avoir un outil de ce type est un facteur qui va permettre au dispositif de contrôle externe et interne des entreprises de pouvoir avoir de meilleurs résultats, et pour les directeurs financiers et comptables un outil garantissant une meilleure fiabilité de la production comptable. Ce que j'apprécie chez Supervizor, c'est l’enrichissement en continu de la base de contrôles. C'est un point essentiel pour les personnes qui effectuent le contrôle et également celles qui le supervisent.

You may also like

Comment se passe le contrôle de l'AFA
Comment se passe le contrôle de l'AFA
12 mai, 2021

L’Agence Française Anticorruption est un service à compétence nationale créé à la suite de la Loi relative à la transpar...

Comment auditer à distance à partir d'extractions de vos ERP ?
Comment auditer à distance à partir d'extractions de vos ERP ?
1 avril, 2020

Qu’est-il possible d’auditer à distance à partir d'extractions de vos ERP ? L’avancée technologique permet à la finance ...

L'évaluation de l'intégrité des tiers en 5 étapes
L'évaluation de l'intégrité des tiers en 5 étapes
18 mai, 2021

Il est de plus en plus commun pour les entreprises de saisir la nécessité de procéder à une évaluation de ses tiers. Si ...